Des travaux de nettoyage et de remise en état, déclarés d’intérêt général
La restauration des cours d’eau de la basse vallée de la Gravona, c’est environ 55,4 km de linéaire de cours d’eau qui vont faire l’objet de travaux de remise en état de la végétation suite à une absence d’entretien ou d’un simple entretien de la végétation de rivière. Sont concernés la Gravona, depuis le pont de Carbuccia jusqu’à son embouchure dans le Prunelli (24 km), le Ponte Bonellu (12,1 km), le Cavallu Mortu (11,1 km) et le Valdu Malu (8,2 km).
L’objectif de ces travaux est l’amélioration de l’écoulement des eaux. Ils auront également un impact direct sur la prévention des inondations et les équilibres écologiques des eaux et des berges. Les travaux s’inscrivent dans une démarche globale : la CAPA a initié une étude préalable en 2013, une sorte d’état des lieux, qui a permis d’aboutir à l’élaboration d’un plan pluriannuel de restauration et d’entretien, constitué de plus d’une vingtaine d’actions. Cette démarche est également pleinement inscrite dans les schémas locaux :
- le programme de mesures du SDAGE de Corse 2016-2021 : élaborer et mettre en œuvre un plan d’actions pour restaurer les fonctionnalités du cours d’eau ;
- le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE), initié en 2010 pour le bassin versant Gravona, Prunelli, Golfes d’Ajaccio et de Lava, qui est élaboré conjointement avec les intercommunalités voisines, les Communautés de communes du Cellavu-Prunelli, de la Pieve de l’Ornano.
Présentation des travaux de la Gravona, à la Confina 2 à Ajaccio, avec le vice-Président de la CAPA en charge du SAGE, Pascal Miniconi, et l’adjoint au Maire de la ville d’Ajaccio, Charles Voglimacci.
Ces projets environnementaux ont pris une dimension supplémentaire avec la prévention des inondations et la prise de compétence GEMAPI par la CAPA en janvier 2018. En effet, la loi de modernisation de l’action publique a créé une compétence relative à la GEstion des Milieux Aquatiques et à la Prévention des Inondations (GEMAPI), une double approche de la gestion des rivières, où la restauration du fonctionnement naturel des rivières est essentielle pour atteindre le bon état des eaux et contribuer à la protection des populations face aux crues.
Outil indispensable à la mise en œuvre de ce projet, une déclaration d’intérêt générale a été obtenue en septembre 2018. La CAPA, via sa Direction Protection et Valorisation du Cadre de Vie et son service Milieux Naturels et Aquatiques, a par la suite contractualisé avec l’entreprise Sylvatica pour mener à bien 5 actions du plan pluriannuel de restauration et d’entretien, programmé sur 5 ans, entre 2019 et 2023.
Cartographie du linéaire des cours d’eau concerné par la DIG :
- Pour la Gravona, du pont de Carbuccia à la confluence avec le Prunelli, excepté le secteur des gravières de Baléone (4 km),
- Pour le Ponte Bonellu, du croisement du cours d’eau avec la RD1 à la confluence avec la Gravona,
- Pour le Cavallu Mortu, du croisement du cours d’eau avec la RD281 à la confluence avec la Gravona.
La restauration et l’entretien des cours d’eau au service de la richesse écologique
Les travaux prévus pour la Gravona et ses affluents ont été programmés pour (rendre aux sites une qualité environnementale optimale : enlèvement sélectif des broussailles pour permettre l’accès au chantier, gestion des embâcles (obstacles naturels ou artificiels à l’écoulement des eaux), gestion de la ripisylve (la végétation de bords de rivière) et traitements des résidus (produits de coupe et détritus).
Débroussaillage, faucardage, tronçonnage et autres techniques spécialisées sont au programme et les travaux vont avoir deux niveaux d’intervention :
– la restauration : une intervention assez poussée pour restaurer l’hydraulicité du cours d’eau et l’état des boisements en place,
– l’entretien : une intervention limitée pour maintenir l’état actuel et prévenir d’éventuels problèmes (chutes d’arbres, production de bois morts).
L’objectif de ces travaux est bel et bien de préserver la richesse écologique de ces cours d’eau et de leurs berges. Cet aspect a été largement abordé avec l’entreprise Sylvatica, en charge des travaux. Elle est en effet au cœur de toutes les prescriptions de travaux, tant sur les types d’intervention que dans les calendriers qui ont été préconisés. Des études préalables ont consigné les espèces présentes ou susceptibles de l’être : des végétaux aux animaux, tout a été anticipé pour que
les exigences biologiques de la rivière soient respectées.
Intervention de l’entreprise Sylvatica.
Les travaux d’entretien et de restauration peuvent être manuels ou avec engins, ils nécessitent une prise de contact avec les propriétaires riverains pour l’accès, la gestion des produits résultant de l’intervention et la sensibilisation aux bonnes pratiques.
Sensibiliser les propriétaires aux bonnes pratiques
Le travail de préparation des interventions de travaux prendra une dimension d’importance tout au long de l’opération, avec comme filigrane le contact
avec les propriétaires riverains des cours d’eau qui restent légitimement responsables de l’entretien et de la gestion.
Si la DIG permet légalement à l’entreprise d’accéder aux berges en empruntant des voix privées, la discussion et la concertation sont privilégiées.
Cette prise de contact poursuit ainsi plusieurs objectifs :
– résoudre les éventuelles problèmes d’accès aux sites pour des travaux qui nécessiteront parfois l’intervention d’engins,
– recueillir leurs souhaits sur la destinée et l’évacuation des bois coupés, le bois retirés de l’eau ou les arbres abattus,
– sensibiliser sur les bonnes pratiques de l’entretien qui leur incombe.
Au travers de ces travaux d’entretien et de restauration des cours d’eau de la basse vallée de la Gravona, la CAPA a souhaité mettre l’accent sur une reconquête du bon état écologique des cours d’eau et sur la transmission d’informations et de conseils pratiques aux propriétaires riverains.
Voir le reportage de France 3 Via Stella, en direct lors du lancement des travaux le 19 juillet 2019
L’intérêt d’une DIG
La Déclaration d’intérêt général, procédure instituée par la Loi sur l’eau*, permet à un maître d’ouvrage public d’entreprendre l’étude, l’exécution et l’exploitation de tous travaux, actions, ouvrages ou installations présentant un caractère d’intérêt général ou d’urgence, visant notamment l’aménagement et la gestion de l’eau sur les cours d’eau non domaniaux, parfois en cas de carence des propriétaires. Les propriétaires des cours d’eau et des ouvrages restent les premiers responsables de leur entretien et de la gestion des ouvrages.
La DIG permet donc :
- d’accéder aux propriétés privées riveraines des cours d’eau (notamment pour pallier les carences des propriétaires privés dans l’entretien des cours d’eau)
- de faire participer financièrement aux opérations les personnes qui ont rendu les travaux nécessaires ou qui y trouvent un intérêt
- de disposer d’un maître d’ouvrage unique pour mener à bien un projet collectif, sans avoir à créer une structure propre à remplir cette tâche
- de simplifier les démarches administratives en ne prévoyant qu’une enquête publique (loi sur l’eau, DIG, DUP, le cas échéant)
* Article 31 de la Loi n°92-3 du 3 janvier 1992 sur l’eau
La carte d’identité des travaux
INTERVENANT : l’entreprise Sylvatica
FINANCEURS : CAPA, L’office de l’Environnement de la Corse, l’Agence de l’eau
Répartition annuelle du coût des 5 actions l’opération d’entretien et de restauration des cours d’eau de la basse vallée de la Gravona qui commencent en juillet 2019, hors taxe.Les demandes d’aides financières sont attendues jusqu’à 65 %. Les actions présentées ici s’inscrivent dans un plan de financement global de 760 000 € (HT) :
– 2019 : 69 091 €
– 2020 : 78 306 €
– 2021 : 74 586 €
– 2022 : 106 156 €
– 2023 : 36 281 €
Au total : 364 420 €
TRAVAUX ENVISAGÉS :
• Le débroussaillage
• Le faucardage
• Le tronçonnage sur des arbres de gros diamètre menaçant de tomber
• L’élagage partiel des arbres à rééquilibrer
• Le traitement de chablis
• Le billonnage des arbres abattus
• L’ensterrage des billons sur les parcelles riveraines et/ou hors zone inondable
• La gestion sélective des embâcles (maintien ou enlèvement)
• La gestion des rémanents (broyage, décomposition naturelle, évacuation)
• L’enlèvement et l’évacuation des dépôts sauvages
Zoom sur les espèces vivantes dans et autours des cours d’eau
Les espèces vivantes ont été nombreuses à s’être faites remarquées autour de la Gravona et de ses affluents, parmi elles :
– végétaux forestiers et de rivière (chênes, saules, fougères, arum, etc.)
– oiseaux d’eau et forestiers (canards, mésanges, épervier, etc.)
– poissons (truites, gardons, perches, etc.)
– batraciens et reptiles (rainette, salamandre, tortue d’eau, etc.)
– chauves-souris
Les bonnes pratiques du débrousaillage
Parmi les informations pratiques qui peuvent être apportées aux propriétaires riverains sur les opérations d’entretien qui leur incombent, le débroussaillage, par exemple, mérite quelques précautions …
Le débroussaillage :
consiste à couper des ronces, lianes, arbustes, arbrisseaux et même très jeunes arbres qui encombrent localement le lit ou les berges du cours d’eau, limite son écoulement et le développement de la ripisylve. Mais attention : les broussailles servent souvent d’habitats pour la faune, leurs racines constitue une très bonne protection naturelle de la berge contre l’érosion et enfin leurs tiges souples, jouent un rôle de frein en cas de crue.
Les bons gestes :
– un débroussaillage modéré et régulier se révèle finalement moins couteux
– sélectionner selon les âges et les espèces
– sur les secteurs très embroussaillés et sur les cours d’eau suffisamment large (> 3 m), intervenir en alternant les berges
– intervenir au ras du sol en évitant la coupe en biseau, source de blessures pour les animaux et les promeneurs
– emporter les déchets de coupe
– intervenir dans les zones sensibles tous les 3 à 5 ans, si possible entre octobre et mars
Les gestes à éviter :
– un débroussaillage systématique, intégral et ponctuel qui favorise les espèces invasives
– utiliser des herbicides, des engins du type épareuse ou broyeur
– couper les herbacées entre avril et septembre.
Les avantages obtenus :
Le débroussaillage restaure la diversité des habitats, limite la prolifération des espèces indésirables, accompagne l’installation de végétaux ligneux et facilite
l’accès aux cours d’eau communautaires.