La Ville d’Ajaccio, la CAPA, la Collectivité de Corse, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Corse et l’État se sont donc engagés à signer un Projet Partenarial d’Aménagement (PPA) pour repenser en profondeur l’entrée de ville d’Ajaccio.
Située entre mer et montagne, Ajaccio bénéficie d’un cadre naturel unique… mais contraignant. Son développement historique, orienté le long du littoral et des vallées, a conduit à une urbanisation marquée par la voiture et des infrastructures lourdes, au détriment des mobilités douces et de la qualité des espaces publics.

L’entrée de ville concentre aujourd’hui les principales limites de ce modèle : congestion routière, coupures urbaines, friche ferroviaire, et une rupture nette entre la ville et la mer. Malgré des distances courtes, les transports collectifs et actifs peinent à s’imposer.
Ce déséquilibre est le fruit d’un héritage collectif, d’un empilement de décisions fragmentées. Aujourd’hui, la quasi-totalité du foncier est public. C’est une opportunité unique pour transformer cet espace stratégique, construire une vision partagée, et faire émerger une entrée de ville plus fluide, plus verte et plus humaine.

Revenons en arrière. A notre époque, l’entrée de ville d’Ajaccio s’organisait en un arc littoral stratégique, reliant le centre historique au quartier Saint-Joseph et à la route d’Aspretto, à l’Est. Mais ce secteur, situé en fond de baie, porte les traces des grandes étapes de l’évolution urbaine ajaccienne, façonnées par trois périodes clés :
• L’époque génoise, avec l’établissement initial de la ville et la construction de son système de fortifications.
• L’extension napoléonienne au XIXe siècle, qui dessine un centre-ville en expansion vers le nord, le long de la rive Ouest de la baie.
• La modernisation urbaine de la seconde moitié du XXe siècle, marquée par la création des grands ensembles des Cannes et des Salines, ainsi que l’aménagement d’importantes infrastructures routières à l’entrée de ville.
Ainsi, entre la gare d’Ajaccio et le quartier Saint-Joseph, le littoral est profondément structuré — voire morcelé — par deux grands réseaux d’infrastructures :
• La voie ferrée, installée à la fin du XIXe siècle pour relier le port à l’intérieur de l’île, aujourd’hui ligne unique entre Ajaccio et Bastia.
• La RN193 (aujourd’hui T21), ancienne route royale constituée du cours du Prince Impérial et du boulevard Charles Bonaparte, longeant la voie ferrée et formant un axe structurant mais peu perméable.
Jusqu’au milieu du XXe siècle, cette portion de la baie demeurait un espace de transition, largement tourné vers les activités portuaires, artisanales ou industrielles, et encore distinct du tissu urbain dense. Ce n’est qu’avec l’émergence des quartiers des Cannes et des Salines que la ville a véritablement investi cette partie du littoral, absorbant en quelques décennies un espace longtemps resté en marge.

Héritière d’un développement urbain fragmenté et tournant le dos à son littoral, l’entrée de ville d’Ajaccio – du giratoire de la gare Abbatucci à celui d’Aspretto – s’apprête à connaître une profonde transformation. L’ambition : requalifier les espaces, restaurer les continuités urbaines, favoriser les mobilités douces et apaiser les circulations tout en accompagnant la transition écologique.
Ce secteur stratégique deviendra un véritable trait d’union entre la ville et la mer, entre passé, présent et futur, en poursuivant des objectifs clairs et complémentaires :
• Affirmer une identité forte et créer une nouvelle centralité urbaine à l’entrée de ville.
• Requalifier l’espace public pour bâtir une ambiance de quartier structurée, vivante et accessible.
• Créer un grand parc littoral reliant le centre-ville à Saint-Joseph, propice à la promenade, aux loisirs et aux mobilités actives.
• Retisser le lien entre ville et mer, en reconnectant les quartiers au rivage et en intégrant les ports de plaisance et de commerce à la ville.
• Favoriser les mobilités douces, et repenser la place de la voiture dans un espace public plus équilibré.
• Accompagner la transition écologique en intégrant les enjeux de résilience climatique à tous les niveaux du projet.
• Fluidifier la circulation, améliorer l’offre de transports en commun et renforcer l’intermodalité.

Plusieurs opérations concrètes incarneront cette ambition :
• Le Déploiement d’un Transport en Commun (à choisir entre deux grandes familles de solutions) en Site Propre assurant un report modal efficace garantira une liaison rapide entre le centre-ville et l’arrière-pays, avec une meilleure articulation avec le réseau de bus.
• Un pôle d’échange multimodal sera développé à Saint-Joseph, intégrant bus, téléphérique, vélo, parking relais, et potentiellement une halte ferroviaire,.
• Le réaménagement du littoral reconnectera le centre historique aux quartiers modernes, simplifiera les infrastructures et facilitera les déplacements doux.
• Le déplacement des ateliers de maintenance ferroviaire vers Mezzana permettra de libérer un foncier stratégique pour créer un nouveau quartier mixte, accessible et durable.
• Les liaisons piétonnes avec le port de plaisance Charles Ornano seront rétablies pour renforcer la continuité urbaine et dégager des espaces publics de qualité.
• L’accès au port de commerce sera repensé, avec une meilleure organisation des flux, la création de parkings adaptés, et des stationnements vélos sécurisés à proximité des équipements et commerces.
Ce projet structurant incarne une vision d’avenir partagée : bâtir un espace urbain plus durable, plus agréable à vivre, mieux connecté à son environnement naturel… et résolument tourné vers demain.

Le Projet Partenarial d’Aménagement (PPA) s’inscrit dans une dynamique de cohérence renforcée avec les principales politiques d’aménagement et de transition du territoire :
• Le PADDUC (Plan d’Aménagement et de Développement Durable de la Corse), qui reconnaît le secteur comme un espace à enjeu régional majeur.
• Le Plan Climat-Air-Énergie Territorial (PCAET), qui intègre pleinement les questions de mobilités durables et de transition énergétique.
• Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) actuellement en cours de révision, afin de intégrer les ambitions du projet dans le cadre réglementaire local.
• Le programme Action Coeur de Ville, dans lequel le secteur d’aménagement joue un rôle de trait d’union entre centre-ville et périphérie, consolidant ainsi la structuration du tissu urbain.
Cette articulation avec les documents de planification garantit une approche intégrée, durable et partagée du développement du territoire.

Photos du COPIL du 18 juin 2025 à Ajaccio, en présence des partenaires : Ville d’Ajaccio (Mr Alexandre Farina, Premier adjoint au maire d’Ajaccio), CAPA (Mr Stéphane Sbraggia, président de la CAPA et maire d’Ajaccio), Collectivité de Corse (Mr Gilles Simeoni , président du Conseil Exécutif de Corse), CCI de Corse (Mr Jean Dominici, président de la CCIC), Préfecture de Corse (Mr Jérôme Filippini, préfet de Corse)